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Une autre voix pour Munster
23 avril 2012

L'expression d'une désespérance...

Le 22 avril, le canton de Munster a accordé à Mme Marine Le Pen 26,72% des suffrages. Dans plusieurs communes l'extrême droite est même arrivée en tête. De manière plus générale, l'Alsace a donné 22,12% des voix à Mme Le Pen, faisant de son parti, dans notre région,  la seconde force politique. Est ce à dire que nous sommes devenus terre d'intolérance ?

Le vote de ce dimanche 22 avril 2012 marque le triomphe de la démagogie et l'expression d'une profonde désespérance.

Triomphe de la démagogie car de manière générale, arrivent en tête ceux qui n'ont pas de vrais programmes mais n'ont, durant toute la campagne, que manié les artifices de la communication, privilégiant le contenant au contenu. Privilégiant les annonces à l'emporte pièce, la dénonciation de tout ce qui va mal. Et notre société va mal. Dans le contexte de crise qui est le notre, il est facile de pointer du doigt et de monter en épingle ce qui ne va pas et ce qui met nos concitoyens dans des situations difficiles voire intenables.
Mais où sont réellement les projets de société ? Droite, gauche, les discours sont ternes, les projets de société ne semblent plus crédibles pour l'opinion. On a le sentiment de vieilles recettes éculées qui n'ont pas fait leur preuve ces dernières années.

Expression d'une profonde désespérance, car que se passe-t-il dans notre Vallée ? Une à une les usines ferment, le niveau de vie se dégrade. Les grands parents voient leurs enfants au chômage à la cinquantaine et leurs petits enfants galérer avec des salaires de misère qui ne permettent plus de joindre les deux bouts. Pas un mois sans tirer de plus en plus fort le diable par la queue.
Les écoles et tous les services publics ferment. Le peuple hurle mais l'élite politique s'en moque. Pour paraphraser le candidat président Sarkozy : « Casse toi pauvre con »... Le mépris est devenu l'art de la gouvernance. Les écoles et les services publics partis, les gens doivent aller sur Colmar... Et quid du surcoût et quid de l'égalité républicaine qui ne s'affiche plus que sur les frontons de nos mairies ?
Les agriculteurs de montagne se demandent où ils vont. Bientôt les quotas laitiers vont disparaître, mais pourront-ils en tirer profit ? On les a massacrés, au nom de la PAC, pour réduire la production maintenant on les laissera se faire laminer par les laits venus d'ailleurs...
Les usagers du train ne comprennent pas que la Région veuille revenir en arrière en supprimant et amoindrissant la desserte de notre Vallée. Après avoir dépensé l'argent pour la moderniser, on la ferme ! Mais quelle logique, quelle vison politique ont donc nos Conseillers Régionaux ? Et quelle est la position de notre Conseiller Général ? Quel combat mène-t-il ? Stratégie du silence ? Soucis des prochaines élections qui se profilent ?
Les associations de riverains et différents responsables critiquent des décisions arbitraires prises par des Maires de nos communes et ils ne récoltent comme seules réponses que les arguments d'autorité voire l'insulte ou l'ironie... Comme si le fait d'être élu maire vous donnait le droit d'ignorer l'évolution d'une opinion et vous dédouanait du dialogue avec la population. J'ai un peu le sentiment que certains maires pensent que le seul moment où les habitants ont le droit de s'exprimer (pour eux), c'est le jour des élections et après, le grand silence doit être de mise ! Et ces mêmes maires vont, les soirs de scrutins insulter les électeurs qui ont voté Le Pen ! Un monde à l'envers !

Désespérance d'une population qui se sent trahie de toute part. Trahie par le sommet de l’État qui massacre les services publics et ne résout rien de la crise. Trahison d'un président qui a promis le pouvoir d'achat et qui a paupérisé notre vallée.
Trahie par les élus locaux qui ont laissé faire. Je me souviens qu'en 2011 j'ai tiré la sonnette d'alarme lors de la première vague de fermeture de classe. On m'a gentiment rigolé au nez et le Maire de Munster a même déclaré qu'il faisait confiance aux services de l'Inspection Académique... Résultat : en 2012 c'est le massacre. Alors nos élus se réveillent parce qu'un cauchemar a troublé leur douce nuit. Écharpes en sautoirs ils ont défilé... Et les a rejoint le député de la circonscription. Mais est-il un hypocrite ou un amnésique lui ? N'a-t-il pas voté à l'Assemblée Nationale avec ses collègues de la majorité en place cette politique de casse ? Il tient donc un double langage : celui devant ses électeurs et celui de Paris... Et là on comprend le sentiment de trahison, le sentiment de profonde désespérance qui touche la population. A qui faire encore confiance ?
Mesdames et messieurs les Maires, Conseillers Généraux et Régionaux, Députés, Sénateurs, Ministres et Président, vous portez la lourde responsabilité de cette désespérance d'un peuple qui n'arrive plus à vous faire confiance, d'un peuple qui se sent insulté, oublié, méprisé. Vous portez aux yeux de l'histoire la lourde responsabilité d'être les acteurs et les auteurs de la monté des extrêmes. Vous portez aux yeux de l'histoire, la responsabilité de la faillite de la République.

David Mathieu MAURER
Conseiller Municipal Modem de Munster

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Commentaires
M
Très bel article! Mais à aucun moment il est question de supprimer l'État et ça ça me manque!<br /> <br /> Bon week-end,<br /> <br /> Le samouraï Mc Carthy
C
La désespérance des gens les conduit parfois a aller vers des chemins qui ne sont pas très beaux (la recherche de boucs émissaires par exemple). Même si les acteurs politiques n'ont pas tous les pouvoirs, leur responsabilité consiste à assister leurs compatriotes dans les moments difficiles, en provoquant des solutions et non en les poussant justement vers ces mauvais chemins.<br /> <br /> Or, les extrêmes jouent au contraire sur les peurs pour se placer. Avec F. BAYROU nous avons justement voulu remettre l'humanisme au coeur de la politique, et malgré ma déception de militant je reste persuadé que c'est la seule voie qui redonnera à la politique son sens noble. Amicalement.
J
Ces élections présidentielles étaient pour moi la première fois que je votais. Il y a cinq ans, en troisième, j'étais convaincue que je voterai écologiste, par conviction. Ce que j'ai fait, mais sans grande conviction. Mon village est le seul du canton de Rouffach où Le Pen soit arrivée en tête, mais elle a réalisé un pourcentage plus élevé, 28.5% à Soultzmatt-Wintzfelden. Ici aussi, l'extrême droite monte, comme le soufflé de l'exaspération. Mes voisins ne sont pas méchants, justes fatigués. La fatigue et le désespoir rendent prompt à jeter la pierre aux autres, toujours. Parce que c'est plus simple. Moins usant que de rechercher les vraies causes. Le soir des résultats, j'ai eu peur et surtout j'en ai eu ras le bol. Oui, on peut n'avoir pas même vingt ans et être saoulé de politique, en avoir déjà plein le dos et assez, avoir déjà envie de mettre les voiles, loin, sauf que l'on sait que cela ne servirait à rien, ailleurs, ce n'est pas mieux. Parfois, on aimerait se déclarer apatride, pour manifester sa désapprobation. Car contre le rouleau compresseur de nos huiles frelatées,que faire ? Baisser les bras ? Aussitôt qualifié de lâche ou de vendu. Râler ? Attentiste. Bouger ? Terroriste. Manifester ? Syndicaliste. Ignorer ? Hypocrite. Disparaître ? Égoïste. Comme aucune solution ne semble être approuvable, comme d'en haut les fourmis et les farfadets n'existent pas, comme d'en-bas le couvercle pèse sur la marmite, je proposerais bien l'évasion subversive. Non pas fiscale, rien de méchants, mais comme le prônait un certain Gandhi, la "désobéissance civile". Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes adultes, majeurs, vaccinés, responsables de nos actes et pensées, jugés assez sensés pour avoir notre mot à dire aux élections, eh bien soit. Agissons en adultes, pas en moutons. Le Pen est le bêlement affolé face à l'abattoir. Elle n'est pas l'évasion, mais la division. Mais allez-y chers politiques, faites-nous miroiter des chimères : mi-bouc émissaire, mi-rendue-chèvre, mi-lion affamé, mi-langue de vipère. Cela fait deux ? Pour ce que vous savez compter, messieurs. Oui, j'ai l'orgueil de me juger assez pourvue de cervelle pour lire clair dans vos élucubrations. Mais je suis un et j'en ai assez qu'on me prenne pour une poire. Alors, si je m'en tenais à ce raisonnement, j'aurais pu voter à l'extrême droite.Mais je m'en fiche qu'on me prenne pour une cruche. Tant elle va aux urnes qu'à la fin elle se casse. Nos chers concitoyens français ne sont pas si stupides qu'on veut nous le faire croire. Ils sont en indigestion, de tout. Je n'ai pas d'idée pour changer le monde, sauf une, peut-être : filer un grand coup de pied à l'arrière-train de la fourmilière. Pas une révolution, un réveil. Que chacun connaisse le prénom et la situation de son voisin, qu'on ne risque pas le plomb en demandant du sucre, que les gamins puissent rire avant de déchanter, que demain soit une aurore et non un crépuscule. Je demande l'espoir, non venu d'en haut, mais fermenté à la base, par tous. Si nous croyions un peu en nos capacités, et un peu moins à un hypothétique messie, nous éteindrions nos écrans, scellerions nos boîtes aux lettres, couperions nos téléphones et regarderions le ciel, la terre et constaterions l'étendue des haillons de nos cervelles. Laissons éclater la bulle, là-haut, ce serpent-là se mord la queue. Je prônerais bien la décroissance, mais on me tomberait dessus à bras raccourcis : pourtant si nous choisissions cette voie, nous serions déjà en progrès. Réinventer les liens et la confiance, est-ce possible ? Je crois que oui. Je n'ai pas encore vingt ans, j'ai le droit de rêver, de râler, de pester, d'être inconsciente aussi. En tous cas, j'ai l'espoir que faute de pouvoir réformer nos ouistitis politiques, on puisse reformer la communauté humaine. Si le coeur lui en dit...<br /> <br /> Veni, Vidi...Vici, vixi ou victus ?
L
Bravo pour cette analyse mais c'est aussi le résultat d'un président qui cultive l'intolérance et la rancœur des uns contre les autres (fonction publique contre privée, étrangers et français naturalises contre français d'origine, travailleurs contre chômeurs etc...) <br /> <br /> Gérard Landwerlin PS
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