L'expression d'une désespérance...
Le 22 avril, le canton de Munster a accordé à Mme Marine Le Pen 26,72% des suffrages. Dans plusieurs communes l'extrême droite est même arrivée en tête. De manière plus générale, l'Alsace a donné 22,12% des voix à Mme Le Pen, faisant de son parti, dans notre région, la seconde force politique. Est ce à dire que nous sommes devenus terre d'intolérance ?
Le vote de ce dimanche 22 avril 2012 marque le triomphe de la démagogie et l'expression d'une profonde désespérance.
Triomphe de la démagogie car de manière générale, arrivent en tête ceux qui n'ont pas de vrais programmes mais n'ont, durant toute la campagne, que manié les artifices de la communication, privilégiant le contenant au contenu. Privilégiant les annonces à l'emporte pièce, la dénonciation de tout ce qui va mal. Et notre société va mal. Dans le contexte de crise qui est le notre, il est facile de pointer du doigt et de monter en épingle ce qui ne va pas et ce qui met nos concitoyens dans des situations difficiles voire intenables.
Mais où sont réellement les projets de société ? Droite, gauche, les discours sont ternes, les projets de société ne semblent plus crédibles pour l'opinion. On a le sentiment de vieilles recettes éculées qui n'ont pas fait leur preuve ces dernières années.
Expression d'une profonde désespérance, car que se passe-t-il dans notre Vallée ? Une à une les usines ferment, le niveau de vie se dégrade. Les grands parents voient leurs enfants au chômage à la cinquantaine et leurs petits enfants galérer avec des salaires de misère qui ne permettent plus de joindre les deux bouts. Pas un mois sans tirer de plus en plus fort le diable par la queue.
Les écoles et tous les services publics ferment. Le peuple hurle mais l'élite politique s'en moque. Pour paraphraser le candidat président Sarkozy : « Casse toi pauvre con »... Le mépris est devenu l'art de la gouvernance. Les écoles et les services publics partis, les gens doivent aller sur Colmar... Et quid du surcoût et quid de l'égalité républicaine qui ne s'affiche plus que sur les frontons de nos mairies ?
Les agriculteurs de montagne se demandent où ils vont. Bientôt les quotas laitiers vont disparaître, mais pourront-ils en tirer profit ? On les a massacrés, au nom de la PAC, pour réduire la production maintenant on les laissera se faire laminer par les laits venus d'ailleurs...
Les usagers du train ne comprennent pas que la Région veuille revenir en arrière en supprimant et amoindrissant la desserte de notre Vallée. Après avoir dépensé l'argent pour la moderniser, on la ferme ! Mais quelle logique, quelle vison politique ont donc nos Conseillers Régionaux ? Et quelle est la position de notre Conseiller Général ? Quel combat mène-t-il ? Stratégie du silence ? Soucis des prochaines élections qui se profilent ?
Les associations de riverains et différents responsables critiquent des décisions arbitraires prises par des Maires de nos communes et ils ne récoltent comme seules réponses que les arguments d'autorité voire l'insulte ou l'ironie... Comme si le fait d'être élu maire vous donnait le droit d'ignorer l'évolution d'une opinion et vous dédouanait du dialogue avec la population. J'ai un peu le sentiment que certains maires pensent que le seul moment où les habitants ont le droit de s'exprimer (pour eux), c'est le jour des élections et après, le grand silence doit être de mise ! Et ces mêmes maires vont, les soirs de scrutins insulter les électeurs qui ont voté Le Pen ! Un monde à l'envers !
Désespérance d'une population qui se sent trahie de toute part. Trahie par le sommet de l’État qui massacre les services publics et ne résout rien de la crise. Trahison d'un président qui a promis le pouvoir d'achat et qui a paupérisé notre vallée.
Trahie par les élus locaux qui ont laissé faire. Je me souviens qu'en 2011 j'ai tiré la sonnette d'alarme lors de la première vague de fermeture de classe. On m'a gentiment rigolé au nez et le Maire de Munster a même déclaré qu'il faisait confiance aux services de l'Inspection Académique... Résultat : en 2012 c'est le massacre. Alors nos élus se réveillent parce qu'un cauchemar a troublé leur douce nuit. Écharpes en sautoirs ils ont défilé... Et les a rejoint le député de la circonscription. Mais est-il un hypocrite ou un amnésique lui ? N'a-t-il pas voté à l'Assemblée Nationale avec ses collègues de la majorité en place cette politique de casse ? Il tient donc un double langage : celui devant ses électeurs et celui de Paris... Et là on comprend le sentiment de trahison, le sentiment de profonde désespérance qui touche la population. A qui faire encore confiance ?
Mesdames et messieurs les Maires, Conseillers Généraux et Régionaux, Députés, Sénateurs, Ministres et Président, vous portez la lourde responsabilité de cette désespérance d'un peuple qui n'arrive plus à vous faire confiance, d'un peuple qui se sent insulté, oublié, méprisé. Vous portez aux yeux de l'histoire la lourde responsabilité d'être les acteurs et les auteurs de la monté des extrêmes. Vous portez aux yeux de l'histoire, la responsabilité de la faillite de la République.
David Mathieu MAURER
Conseiller Municipal Modem de Munster